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Les fêtes sont toutes proches et nous préférerions vous parler seulement des festivités autour des vins du Sud-Ouest mais il paraît difficile de ne pas faire écho aux inquiétudes et à la crise qui affecte les producteurs des vins de Bordeaux. Cette dernière est protéiforme et démontre que les vins de Bordeaux sont à un moment clé de leurs existences. Si nous pouvons les soutenir en tant que consommateur, la solution semble passer par un choix radical : un arrachage massif de 10 % des parcelles.

 

Une manifestation historique

On ne peut pas dire que la place de Bordeaux ait l'habitude de voir une manifestation de vignerons. La dernière en date est celle de 2005 et elle reste dans les mémoires : les vignerons avaient muré l'entrée de la CIVB dans le centre-ville.

Comme nous vous le disions, les grands crus échappent à la crise mais ils ne représentent que 10 % de la surface des vignes pour 20 % du chiffre d'affaires. La richesse du Bordelais, ce sont les 5 500 viticulteurs qui, par cette manifestation, ont voulu alerter les pouvoirs publics sur la précarité de leurs professions et sur cette crise qui menace les plus fragiles d'entre eux. Mais comment en est-on arrivé là ?

 

Les vins de Bordeaux : l'arrachage, la solution douloureuse

Il en va des vins de Bordeaux comme de toutes les entreprises. Certains pensent que l’appellation Bordeaux est une sorte de CAC 40 du vin mondial. C'est évidemment faux car, derrière les châteaux prestigieux, finalement pas si nombreux, on trouve des viticulteurs qui se battent pour vivre quand ce n'est pas survivre. Lorsque tout va bien, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps dans le vin, on cherche, comme ailleurs, à répondre à la demande et donc, on produit plus de vins. Le problème actuel est simple : les consommateurs boivent moins de vin en France. Sur les deux dernières années, c'est une baisse de 15 % de la consommation. Évidemment, la pandémie n'est pas étrangère à ce phénomène, mais cela crée une surproduction, d'autant plus que le principal marché à l'export, la Chine, s'est effondré. 

Allan Sichel, Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, évoque la problématique des 10 % : « On estime que 10 % de la filière va mal : 10 % de volume sont en trop tout comme 10 % des surfaces et 10 % des viticulteurs en très sévère difficulté. ».

 

vins de Bordeaux arrachage pour sortir de la crise

 

La solution, celle qui est la pire pour un viticulteur, semble être la meilleure pour sortir de l'impasse, c'est l'arrachage. Diminuer la production de 10% permettrait de relancer totalement les vins de Bordeaux. Arracher des vignes coûte beaucoup d'argent ; le besoin de subventions de l’État et de l'Union européenne, à travers la PAC, est une nécessité. Il faut, également, penser aux viticulteurs qui vont cesser leurs activités et les accompagner, car il semble acquis que tout le monde ne passera pas cette épreuve. Cela rajoute une nouvelle problématique : plus d'une centaine de vignes sont à vendre dans le Bordelais, les acquéreurs se font rares et les prix pourraient chuter.

Les autres grandes régions du vin observent attentivement car l'option de l'arrachage fait des vins de Bordeaux un précurseur et, espérons-le, un modèle d'adaptation si cette solution est aussi efficiente que promise. Pour cela, les pouvoirs publics vont devoir se montrer présents et c'est tout l'enjeu de cette manifestation qui pourrait bien ne pas être la dernière.