Depuis 2019, le monde du vin semble le jouet d'un destin funeste. Pris en otage par la taxe Trump, étranglée par la pandémie, c'est aujourd'hui le ciel et la météo qui se sont associés pour imposer une nouvelle épreuve au monde du vin. Nous parlons, bien entendu, de l'épisode de gel du 7 au 9 avril qui a ravagé la France du vin, mais aussi des fruits et de certains légumes.
Au-delà de la chute de la production, des prix qui devraient sensiblement augmenter, il faut penser à ceux qui ont tout perdu lors de ce tragique épisode de gel.
Le gel frappe la vigne de France
80 % du vignoble français a été touché par cette épisode de gel. De l’Occitanie en passant par la Bourgogne, sans oublier la vallée du Rhône et bien évidemment le Bordelais, on parle d'une semaine noire. Les rendements seront impactés avec des situations dramatiques des viticulteurs. Les dégâts sont si importants qu’il est encore impossible de parler d'un bilan.
Jusqu'à -7 degrés dans le Bordelais
Trois semaines après cette semaine noire, Bordeaux est encore groggy pour ne pas dire KO. Si le Nord-Médoc a pu s'en tirer relativement bien, le reste du Bordelais a souffert le martyr. On peut parler d'une catastrophe dans les Graves et les Sauternes avec des viticulteurs qui ont quasiment tout perdu. Dans l'AOC Pessac-Léognan, le thermomètre a affiché -7 degrés ! L'Entre-deux-Mers et le Saint-Emilionnais n'ont pas non plus été épargnés. L'ampleur des dégâts s'explique par l'intensité de l'épisode de gel et la précocité de la floraison. En effet, les températures élevées pour la saison, plus de 20 degrés en Gironde, ont commencé à faire bourgeonner les pieds de vigne avec plus de deux semaines d'avance. Ils ont été littéralement foudroyés par le gel. La nature est capable d'une résilience incroyable, mais les pertes pour les vignerons s'annoncent gigantesques. En 2017, l’épisode de gel avait détruit 40 % de la récolte et s'il est trop tôt pour avoir des chiffres, il faut attendre novembre, on craint des pertes équivalentes et peut-être même plus importantes.
Les pouvoirs publics sollicités
Comme pour chaque catastrophe climatique, les pouvoirs publics vont devoir intervenir. Cette fois, c'est un secteur particulièrement affaibli par la pandémie qu'il va falloir accompagner. Les professionnels ne parlent plus de survivre, mais bel et bien des faillites qui pourraient emporter les plus fragiles d'entre eux. La sénatrice Nathalie Delattre a écrit une missive au Premier Ministre pour qu'un plan de sauvetage soit mis en place le plus rapidement possible. Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a émis la possibilité d'une aide fiscale et le souhait de mobiliser les banques et les assurances. Les agriculteurs assurés vont déjà essayer d'être indemnisés à la hauteur de leurs pertes, ce qui reste une gageure. Le problème des assurances refait surface : comment un viticulteur peut s'assurer quand le montant même de l'assurance met en cause la rentabilité de son exploitation ? Le ministre va devoir trouver une solution qui a échappée à tous ses prédécesseurs.