Après la saga du vin de l'espace, on revient sur terre avec des nouvelles que nous souhaiterions plus festives. Nous éviterons de nous attarder sur la vague de gel qui a complètement décimé la France du vin et celle du fruit. Cette semaine, on fait un saut dans l'Armagnac qui se languit de son public et puis nous finirons dans le Bordelais avec les viticulteurs qui pensent diversification.
La fête manque à l'Armagnac
La distillation s'est achevée au début du mois dans une ambiance étrange. La joie et la satisfaction du travail bien accompli sont bien là, mais les fêtes qui accompagnent et marquent la fin de la distillation sont absentes et les viticulteurs de l'armagnac ont le vague à l'âme. La crise, toujours ce mot qui hante nos actualités sur le vin, n'a pas trop impacté la saison avec des volumes en baisse, mais qui reste à la hauteur des attentes. Quand on demande à un distillateur comme Philippe Gironi, ce qui a été le plus difficile, il répond tout de go « l'absence de fête ».
La période de distillation est une période festive, de partage où les producteurs d'Armagnac peuvent présenter leurs produits au public. C'est aussi un vrai dopant pour tous les producteurs locaux. Si on cherchait encore le sens de la fête, en Armagnac, la pandémie a rappelé à quel point elle était essentielle pour le cœur des hommes et la promotion d'un savoir-faire.
La diversification, une solution pour les viticulteurs du bordelais ?
Les temps sont durs, les prix sont bas pour les viticulteurs et la pandémie fait évidemment réfléchir un territoire où 44% des terres agricoles sont dédiées à la vigne. Évidemment, les grands châteaux, les AOC renommés, ne vont pas raser leurs vignes pour élever du bétail ou se lancer dans la culture du chanvre. Cette diversification concerne plus les viticulteurs qui travaillent sur le vrac, car ils sont les plus touchés par la crise et la baisse des prix. La diversification permet de sortir de la monoculture, et ainsi, de se protéger aussi bien des aléas de la météo que celle des marchés.
Le mois dernier, la CA33, Chambre d'Agriculture de Gironde a organisé une conférence sur la diversification agricole. La majorité du public était des viticulteurs en monoculture. Évidemment, la conjoncture joue un rôle primordial dans cet intérêt, mais il faut aussi y voir une envie de s'adapter. Le changement climatique devrait s'aggraver et les périodes de gel, comme nous venons de connaître, pourraient être récurrentes. En effet, si le gel est un phénomène habituel, son effet est aggravé par la douceur des températures qui accélèrent la floraison qui peut avoir 15 jours d'avance. Quand la vague de gel intervient, elle s'attaque aux bourgeons et remet en cause la production. La solution est de planter des pieds de vigne anciens qui fleurissent plus tard ou alors de se diversifier.
De nombreux secteurs cherchent des terres arables pour cultiver les artichauts, asperges, chanvre, figues, houblon, kiwis, noisettes, stevia, mais aussi pour l'élevage. Est-ce un intérêt conjoncturel ou un changement profond qui va venir transformer le paysage girondin ? La réponse dans quelques années...