Tandis que les hommes, les matériels et les esprits sont mobilisés pour tenir bon face aux offensives ennemies, la rudesse des combats et de la vie quotidienne et les inquiétudes récurrentes quant au sort des armes expliquent des crises de moral. Les alcools de tous types sont eux aussi appelés en renfort, tel le « pinard des poilus ».
C’est un levier de résistance pour les combattants ou pour une partie des civils. Chaque camp a ses modes de consommation et ses boissons favorites.
Une « guerre économique » des alcools et vins est menée. Il faut veiller aux récoltes de raisins ou produits de base, lutter contre les pénuries de produits chimiques, de main-d’œuvre, de moyens de transport. Il faut préserver au mieux les qualités de chaque terroir. Tandis que nombre de débouchés de l’économie de marché sont ébranlés par les blocus ou la guerre sous-marine, une « économie administrée » ou « mixte » est supervisée par les armées et l’État.
Faut-il vraiment encourager ou tolérer cette aspiration à consommer encore plus de vins et alcools ? Les militants de la prohibition mènent leur propre guerre et, parfois, gagnent (absinthe, États-Unis, Russie, etc.). Pourtant, en 1919-1920, la reconstruction des économies du vin, du champagne, du cognac, du rhum, symbolise l’ardeur à relancer les circuits de l’économie de marché et une bonne image de marque
Note de lecture
1919, fin de la guerre pour les vins et les alcools ? Véritable armistice ? Ou plutôt prémices d’un long combat qui n’est pas encore achevé entre prohibitionnistes et défenseurs de la dive bouteille ? Dans tous les cas, nous fêtons ce centenaire avec la publication de cet ouvrage universitaire qui nous permet de mesurer toute l’importance des vins et alcools durant la Grande Guerre. Il y a là les vignobles en guerre, les alcools et les vins de « secours », mais également ceux d’importation plus ou moins avouée.
Un paysage marchand qui dévoile déjà la mondialisation de la production en parallèle à celle des combats.
Le mot de l'auteur : Hubert Bonin
Le mot de l'auteur : « Une solide équipe d’historiens a reconstitué l’évolution de la production, de la distribution, de la consommation et de la perception des vins, des spiritueux et alcools (cognac, rhum) en 1914-1919. L’État et l’Armée contrôlent la masse des commandes et des flux ; les entreprises gèrent ce qui reste de l’économie de marché pour des moyens/hauts de gamme, comme en Gironde, et pour des exportations, on fait appel à l’Algérie ou à l’Espagne en complément : l’économie ouverte perdure. De gros fonds d’archives ont permis de renouveler nos connaissances sur un thème clé de la guerre économique et de la vie des hommes pendant le conflit. »
Les Auteurs
Cet ouvrage est placé sous la direction de Hubert BONIN, professeur émérite & chercheur en histoire économique, Sciences Po Bordeaux et UMR CNRS 5113 GRETHA-Université de Bordeaux, avec la participation de :
- Sandrine LAVAUD, maître de conférences en histoire médiévale, Université de Bordeaux Montaigne- UMR 5607 Ausonius,
- Stéphane LE BRAS, maître de conférence à l’Université Clermont-Auvergne,
- Christophe LUCAND, docteur en histoire, Centre Georges Chevrier UMR CNRS 7366, Chaire UNESCO Culture & Tradition du Vin, Université de Bourgogne Franche-Comté,
- Claire DESBOIS-THIBAULT, docteure en histoire,
- Thomas MOLLANGER, docteur en histoire économique, Gretha-Université de Bordeaux,
- Marie-Claude DELAHAYE, créatrice et responsable du Musée de l’absinthe à Auvers-sur-Oise,
- Catherine BRUNEEL, diplômée de l’Université libre de Bruxelles et professeure agrégée dans l’enseignement secondaire,
- Marie HARDY, docteure en histoire, Université de La Martinique et Fondation Clément Hayot,
- Émilie CHAMPION, historienne, & Marguerite FIGEAC, professeure à l’ESPEUniversité Bordeaux-Montaigne
- Stéphane BECUWE & Bertrand BLANCHETON, Université de Bordeaux, GRETHA UMR CNRS 5113
- Sébastien DURAND, chercheur au CEMMC, Université Bordeaux-Montaigne
Un livre publié aux éditions Éditions Féret - https://feret.com/