S’il est un sujet qui appelle une approche nuancée, c’est bien l’élevage en barriques… Le rôle positif du bois dans le processus d’élaboration d’un vin ne saurait être contesté.
Le vin et le bois
Au-delà de l’apport aromatique dont les composantes et l’intensité varient en fonction du brûlage de la barrique (arômes vanillés, toastés, fumés, épicés…) et de la durée du séjour dans le bois, il est acquis que l’oxygénation lente et mesurée occasionnée par le passage en fûts intervient de façon positive sur les valeurs du vin. L’aspect le plus immédiatement lisible est la fixation de la couleur. Mais, pour les vins rouges, l’apport d’oxygène favorise aussi l’assouplissement des tannins qui vont “s’arrondir” et fusionner avec ceux du bois. Il va de soi que l’intensité de ce processus global varie en fonction de l’âge de la barrique.
Il reste que la systématisation de l’élevage en barriques, devenu synonyme de qualité, engendre parfois des excès. Le “boisé”, tout d’abord, n’apporte pas nécessairement une valeur ajoutée à certains types de vins qui s’en réclament.
Surtout, le recours exclusif au bois neuf, qui se justifie pour une production riche et concentrée, dotée d’une trame tannique de grande qualité, ne saurait convenir à un vin d’intensité moyenne, tenté par là d’ennoblir sa signature. Il est indéniable que ce débordement, parfois couplé à une extraction abusive, contribue à la “standardisation” de certains vins, au détriment de l’équilibre naturel des données du terroir.
Au cours de vos pérégrinations sur le vignoble, il sera donc toujours intéressant de questionner les propriétaires rencontrés sur leur philosophie en matière d’élevage : intensité du brûlage des fûts, proportion de bois neuf, durée de passage en barriques… Une confrontation de ces données avec vos propres sensations lors de la dégustation s’avérera riche d’enseignement.
Alain Labatut