Les installations vinicoles à l'origine des contaminations des vins et spiritueux par des résidus de Phtalates : 59 % des vins analysés par le laboratoire Excell recèlent des quantités significatives de DBP (di-butyl-phtalate). En avril 2013, le Laboratoire Excell alertait déjà à propos des phtalates, perturbateurs endocriniens affectant potentiellement la reproduction.
Le laboratoire bordelais dirigé par Pascal Chatonnet, va plus loin aujourd'hui, communiquant ses résultats d'analyse de vins et spiritueux d'origine vinique français mis en marché sur le territoire européen ou destinés à l'exportation.
Les phtalates reprotoxiques, perturbateurs endocriniens potentiels
Les vins et les spiritueux peuvent facilement être mis en contact avec des matériaux susceptibles de contenir des phtalates, composés chimiques extrêmement répandus dans notre environnement. S'ils présentent un degré de toxicité variable selon les molécules considérées et leur capacité à migrer dans les organismes, la question de la toxicité de ces molécules fait toujours débat. En revanche, les avis sont relativement unanimes pour accorder un potentiel de perturbateur endocrinien important pour certaines molécules.
Un euro paradoxe
En 2011, l'Europe réglementait l'usage des phtalates dans les matériaux susceptibles d'entrer en contact avec les denrées et les boissons alimentaires. Cette réglementation porte une attention particulière à certains phtalates classés comme reprotoxiques et prévoit leur interdiction pure et simple à compter du 1e janvier 2015, alors que dans les vins et les spiritueux il n'existe pas de teneurs limites admissibles.
Le laboratoire Excell a procédé à l'analyse de la teneur en différents phalates dans des vins et des spiritueux d'origine vinique français mis en marché sur le territoire européen ou destinés à l'exportation. Les vins analysés représentent les molécules les plus fréquemment dosables. Si seulement 15 % des échantillons examinés contiennent des teneurs quantifiables, 59 % des vins recèlent des quantités significatives de DBP (di-butyl phtalate). Seuls 17 % des échantillons ne contiennent pas de quantité détectable d'au moins un des phtalates reprotoxiques et 19% n'en contiennent que des traces non quantifiables. Le Di-isobutyl phtalate (DiBP), non autorisé au contact alimentaire, est dosé dans 25% des spiritueux contrôlés.
Les polymères employés dans les installations viticoles pourvoyeurs de phtalates
Dans les vins et les spiritueux il n'existe pas de teneur limites admissibles. En conséquence, dans l'Union Européenne, c'est-à-dire la quantité maximale d'une substance autorisée dans les denrées alimentaires qui s'applique, (règlement CEE 2011/10). Globalement, si l'on compare les teneurs mesurées dans notre échantillonnage de vins et de spiritueux Excell constate plus de 11% des vins analysés sont non conformes. En ce qui concerne les spiritueux, 19% des échantillons analysés sont jugés non conformes; les eaux-de-vie anciennes analysées sont parfois excessivement contaminées par du DiBP non autorisé au contact alimentaire.
Les produits élaborés au contact d'un matériau non conforme à la réglementation sur les matériaux en contact avec les aliments ne devraient pas être mis en marché. L'étude de différents matériaux présents fréquemment dans les installations vinicoles montre qu'un assez grand nombre de polymères contiennent parfois des quantités importantes de phtalates.
Vers une technique alternative efficace
Néanmoins, compte tenu de leurs paramètres de migration, ce sont les revêtements de cuves en résine époxydiques qui représentent les sources majeures de pollution. Les revêtements pollués peuvent être éliminés et les cuves réhabilitées avec des résines modernes indemnes de phtalates indésirables. Les essais réalisés au laboratoire Excell par P. Chatonnet, S. Boutou et A. Plana, ont également permis d'imaginer une technique alternative devant permettre de maintenir en place des revêtements contaminants en mettant en place une surcouche à effet barrière.
Compte tenu des sources de pollution majeures et secondaires identifiées dans ce travail, il paraît possible de réduire rapidement le niveau de risque de pollution des vins et des spiritueux d'origine vinique dans un bref délai ; il est souhaitable que les producteurs procèdent rapidement à une évaluation de leurs conditions de risque pour mettre en place au cas par cas des solutions de prévention des migrations indésirables efficaces.